Stanford : 100% énergie renouvelable possible pour le monde entier

MARK JACOBSON: COMBATING CLIMATE CHANGE WITHOUT NUCLEAR ENERGY

Mark Jacobson (Stanford, USA): combattre le réchauffement climatique sans énergie nucléaire

L’Université américaine publie une étude énergétique sur 139 Etats dans le monde qui montre que la planète pourrait parfaitement n’utiliser que les énergies renouvelables en 2050. Ce scénario supprime complètement les énergies fossiles et le nucléaire.  Mark Jacobson, ingénieur de l’université californienne de Stanford, explique : « Nous avons développé des plans pour transformer les infrastructures énergétiques tous usages actuelles (électricité, transports, chauffage/climatisation, industrie, agriculture, forêts, pêche) de 139 pays en des systèmes alimentés par le vent, l’eau et le soleil, annonce Jacobson en introduction de son étude en cours de finalisation. Cette feuille de route prévoit 80% de conversion en 2030, et 100% en 2050 ».

Le travail a d’abord consisté à mesurer le fossé qui sépare la conversion des énergies fossiles en énergie prêtes à l’usage de celles des énergies renouvelables. L’extraction, le transport et la transformation du charbon, du gaz, du pétrole et de l’uranium en chaleur, en électricité et en carburant nécessite en effet une forte consommation énergétique tout le long de la filière d’approvisionnement jusqu’au consommateur final. Les énergies renouvelables ont, elles aussi, des dépenses de transports, mais ne nécessitent pas d’extraction, ni de transformation pour être utilisées. Les chercheurs ont converti ces dépenses en GigaWatts. Il en ressort que le mix énergétique mondial actuel très basé sur les énergies fossiles exigera 20600 GW en 2050 pour son approvisionnement contre 12100 en 2012. Le scénario 100% renouvelable exigera, lui, 11800 GW en 2050, soit une moindre consommation énergétique mondiale de 42%.

Conférence vidéo de Mark Jacobson

Article complet sur Sciences et Avenir, par Loïc Chauveau

Ademe : nouvel avis, le photovoltaïque est un élément de réponse durable à la demande d’électricité

Dans un nouvel avis, l’Ademe juge le photovoltaïque incontournable pour répondre à la demande d’électricité. Par un avis de 2013, l’Ademe avait déjà jugé le photovoltaïque comme une composante incontournable des politiques énergétiques durables. Elle enfonce le clou dans un nouvel avis, daté d’avril 2016, consacré à cette filière. D’autant, qu’entre-temps, de nombreuses évolutions sont venues conforter son analyse.

Le photovoltaïque, un élément de réponse durable à la demande d'électricité selon l'Ademe

« La filière progresse régulièrement et rapidement en termes d’efficacité et de baisse des coûts grâce aux efforts de recherche et aux retours d’expérience du marché« , relève l’Agence. Cette dernière reconnaît que le coût de production reste encore élevé mais souligne la baisse continue du prix des systèmes photovoltaïques (PV). « Les coûts d’investissement pour une centrale au sol ont été divisés par six entre 2007 et 2017″, indique-t-elle à titre d’exemple.

Ces coûts devraient encore baisser de 35% d’ici 2025, estiment les auteurs de l’avis, alors que le prix de l’électricité « avec le mix électrique actuel » augmente de manière régulière. Résultat ? En France, le développement du PV devrait être possible sans subvention vers 2020, affirme l’Ademe, qui s’appuie sur une étude qui lui a été remise en septembre dernier. Elle préconise donc une politique de soutien transitoire entre 2016 et 2020, en clarifiant les objectifs des deux outils utilisés jusqu’à présent : contribution au service public de l’électricité (CSPE) et dispositifs fiscaux

Article complet de Laurent Radisson sur actu-environnement.com

Après la COP21, le travail commence

Le 06/01/2016, article initialement paru sur le site de National Geographic http://www.nationalgeographic.fr/25324-apres-la-cop21-le-travail-commence/

VMD1Valérie Masson-Delmotte, membre du GIEC

Propos recueillis par Carine Mayo

L’accord de Paris est lucide, mais « tout reste à faire » pour concrétiser ses ambitions : bilan stratégique avec Valérie Masson-Delmotte, paléoclimatologue et membre du bureau du Giec.

NG : Que pensez-vous de l’accord obtenu à la COP21 ?

C’est le meilleur accord que l’on pouvait obtenir, compte tenu des intérêts contradictoires des différents pays. Lire la suite

Négawatt met en ligne un site pour décrypter les sujets énergie

Logo démarche nW B

Si vous pensez que :

« Les énergies renouvelables sont intermittentes, et ne peuvent jouer un rôle prépondérant dans la production d’électricité. »

« Les énergies renouvelables restent encore bien trop chères. »
« En Allemagne, à cause de la sortie du nucléaire, les émissions de gaz à effet de serre explosent. »

« Notre consommation d’énergie continue à augmenter année après année. »

Alors n’hésitez pas à consulter le site de décryptage  de Négawatt réalisé par les membres experts de l’association, avec le concours d’autres experts de ces sujets.

Mis en ligne le 19 novembre 2015, à l’occasion de la COP21, le site decrypterlenergie.org sera régulièrement enrichi et actualisé. Il apportera à chaque fois que cela sera nécessaire les éléments de décryptage pour une compréhension la plus juste possible des enjeux de la transition énergétique.

Les énergies renouvelables, le choix pour notre siècle – 16e assises du SER

par Dominique Martin Ferrari

Le grand amphi de l’Unesco fait en ce 12 Février 2015, salle pleine. Plus de mille participants, des personnalités internationales du climat, le Premier Ministre, les entreprises des énergies renouvelables , se retrouvent pour les 16° assises du SER, le syndicat des énergies renouvelables.

Ouvertes par un petit film, dont on regrettera qu’il oublie dans la présentation des ENR en France, ses outremers, ces assises présentent un caractère exceptionnel en plein débat parlementaire sur la loi de transition énergétique et de préparation de la conférence de Paris de Décembre prochain.

Le président du SER, Jean Louis Bal se félicite d’abord du chemin parcouru : « nous vivons une véritable révolution énergétique, une révolution qui voit le développement des ENR . Une véritable mutation . Les gisements sont bien repartis . Il n’est pas de zones géographiques dans le monde, vierges de ressources, c’est une garantie d’approvisionnement sans variabilité de prix et aujourd’hui les plus matures sont les plus compétitives des productions décarbonnées (pique à l’encontre du nucléaire ndlr ). Plus de 140 pays se sont déjà fixés des objectifs de développement. Ce n’est plus une lubie de pays riches. »

Des progrès sont à venir et pour grandir sur les marchés internationaux, les ENR ont besoin de disposer d’un marché domestique crédible. Jean Louis Bal, avant de remettre à Manuel Valls le programme de travail commun 2015 entre le SER et l’Etat , accompagné de ses propositions pour un agenda des solutions positives, a rappelé combien d’obstacles avaient dû franchir les industriels des ENR « Nos industriels ont trop longtemps souffert de la tergiversation des politiques d’aide, surtout dans le secteur du solaire. Faisons de la loi de transition énergétique l’expression de la volonté publique et prenons soin d’établir une programmation annuelle ambitieuse. Dans chaque filière nous pouvons porter des champions nationaux. Les investissements d’avenir peuvent jouer un rôle comme le prouve le secteur des énergies marines renouvelables. La compétition est mondiale, les synergies européennes bienvenues »

Ce vœu restera t il sans lendemain ? Manuel Valls préfère parier l’avenir sur l’excellence de nos filières, certes mais aussi sur le consensus : « reconciliation entre écologie et économie, filières ENR et nucléaire, croissance et réduction de l’empreinte écologique. « On lui souhaite bonne chance pour ces paris souvent antinomiques et dignes des travaux d’Hercule! Il a cependant engagé son gouvernement dans un soutien ferme aux filières d’avenir, notamment aux énergies marines.

Une table ronde de « grands », un souffle d’air et d’engagement

Ils sont tous diplomates de la planète de par leur engagement : Rajendra Pachauri, président du GIEC, Jean Jouzel, climatologue, prix Nobel, Monique Barbut secrétaire exécutive de la Convention des Nations unies pour la désertification, Isabelle Autissier, navigatrice et présidente du WWF, Bertrand Piccard concepteur du Solar Impulse. Ils témoignent sous la férule éclairée d’Eric Orsenna. L’immortel qui connaît la valeur du temps, et de « cette langue française qui a le même mot pour donner le temps de l’horloge et le temps qu’il fait ».

Piccard, « chevalier de la solution » après avoir présenté l’exploit des aventures de son avion solaire, a plaidé pour la force des solutions et l’urgence. Urgence reprise par Isabelle Autissier qui au gré de ses voyages découvre une réalité qui dérange : « on a beau avoir lu les rapports quand on voit ce qui se passe sur le terrain, on a froid dans le dos ». Sous ses yeux , le grand nord se modifie ; le permafrost fond, libérant les milliards de tonnes de méthane emprisonnés par les siècles ; la fin des glaces d’été marque la fin des grandes espèces qui dépendent de la banquise. « Déjà les espèces remontent : le plancton de 470km par décennie, les poissons de 50km. Aujourd’hui, si l’on considère uniquement les pêcheries de morue de l’extrême nord, 2Md d’euros sont en jeu dans les 10/15 prochaines années ! Et en plus, cette fonte permet l’exploitation de nouvelles ressources fossiles ! »

Le ton devient encore plus grave quand Monique Barbut prend la parole : « 167 pays sur les 195 qui seront à Paris , se sont déclarés affectés par la dégradation des terres et par la désertification. Selon les rapports américains, il y a déjà 135M de refugiés climatiques, et 500M de petits paysans qui vivent sur des surfaces d’un ha vont être à la rue, avec les risques d’insécurité et de violence que cela représente. Qu’est ce qui s’est passé en Syrie entre 2004 et 2006, les pires années de sécheresse ? Ils se sont retrouvés à 1M à rejoindre le million de refugiés irakiens . N’est ce pas une explication à la violence dans ce pays ? Ils seront 67 pays à Paris à n’avoir ni énergie, ni forêt à négocier. Ils représentent un potentiel de 500M d’ha de terres dégradées, capables de séquestrer 30% de CO2 si nous les aidons à les remettre en état, au lieu de prendre des terres sur les forêts et les marais.

On peut donc intervenir dans l’achat de ce temps de la séquestration immédiate, quand il faudra trente ans pour que les effets des négociations se fassent sentir». Une solution rarement entendue dans les grandes enceintes internationales , et qui a l’avantage de concilier la séquestration carbone, la fixation des populations, et représente une réponse à comment nourrir demain le monde.

Le manque de temps , l’accélération du phénomène

Dans la foulée , Christian De Perthuis a défendu fermement une autre solution immédiate : donner un prix au carbone. « Depuis 2000, notre économie fait des arbitrages en fonction des prix, et ces prix augmentent dramatiquement par les choix qui sont faits, les émissions de CO2. Ces prix sont ceux du carbone sous nos pieds. La valeur que nous accordons collectivement au climat vaut zéro. Notre économie fonctionne avec des règles dans lesquelles nous n’avons pas intégré la valeur du climat.(…) Le basculement ne sera pas assez rapide, vous mettrez 20 à 50 ans pour sortir des fossiles.(…) Si vous mettez un prix au carbone à 20 dollars , vous créez une richesse de mille milliards dans l’économie mondiale, vous financez la pomme de discorde du fonds de 100 milliards de dollars. Il n’y a plus qu’à négocier la répartition de la taxe. La vraie question politique, c’est en France, à qui vont les 4mds de la taxe ? »

Propos recueillis par Dominique Martin Ferrari (à suivre le plan de Ségolène Royal pour les ENR)

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Transition énergétique: les climatologues ne lui disent pas merci

par Valéry Laramée de Tannenberg

(publié initialement dans le Journal de l’Environnement), octobre 2014

Interrogés par le JDLE, quatre chercheurs français regardent le projet de loi sur la transition énergétique avec scepticisme.
A peine adopté par l’Assemblée nationale, le projet de loi sur la transition énergétique fait bondir plus d’un climatologue. Invité, ce jeudi 16 octobre, de l’association des journalistes de l’environnement (AJE), François-Marie Bréon a critiqué l’un des points-clés du texte présenté par la ministre de l’écologie. «Je ne comprends pas comment l’on peut imaginer abattre de 40% les émissions de gaz à effet de serre, entre 1990 et 2030, en réduisant ainsi la part du nucléaire», s’interroge le directeur adjoint du laboratoire des sciences du climat et de l’environnement (CNRS-CEA-UVSQ). Le texte adopté par les députés le 14 octobre impose à EDF de réduire à 50%, «à l’horizon 2025», la part de l’énergie nucléaire dans la production d’électricité, contre 75% actuellement.

STOCKAGE OU THERMIQUE
Interrogé sur le renforcement annoncé des sources renouvelables de production d’énergie (32% en 2030, contre 23% en 2020), le climatologue estime qu’un tel objectif n’est atteignable qu’à condition de mettre en service des centrales thermiques d’appoint ou de développer des capacités de stockage d’énergie de grande puissance. Ce qui n’est effectivement pas à l’ordre du jour.

LIMITER L’ÉLECTRICITÉ FOSSILE
Membre du groupe 1 du Giec[1], François-Marie Bréon suggère un amendement aux sénateurs: «Il serait bon que l’on limite la production d’électricité à partir d’énergies fossiles, comme on l’a fait avec le nucléaire. Faute de quoi les émissions françaises ne pourront que repartir à la hausse».
Un pronostic partagé par d’autres chercheurs. Interrogée par le JDLE, Valérie Masson-Delmotte porte un regard critique sur le texte, tout en reconnaissant ne pas disposer d’outil pour «évaluer simplement si les moyens envisagés permettront d’atteindre les objectifs affichés». «Malgré un objectif explicite pour les renouvelables, la baisse de la part du nucléaire dans la production électrique fait redouter un recours croissant aux énergies fossiles.»

PAS DE MESSAGE LISIBLE
La paléoclimatologue du Laboratoire des sciences du climat et de l’environnement (LSCE) redoute aussi que les mesures prévues manquent d’efficacité: «En l’état, ni pour la partie logement, ni pour la partie transport, ni pour la partie agriculture, ni pour la partie industrie, je ne vois de mesures aptes à amener une telle diminution. Et les décisions récentes du gouvernement (pas d’écotaxe, nouvelles lignes de bus qui concurrencent le transport en train, forte baisse du budget du ministère de l’écologie) ne vont d’ailleurs pas dans le sens d’un message lisible concernant une décarbonation.»
L’économiste du climat Christian de Perthuis ne cache pas, lui non plus, son pessimisme: «En l’absence de précision sur les instruments économiques et les financements, il est très difficile d’avoir une anticipation de ce qui peut être atteint. Or, ce sont précisément les éléments les plus faibles du projet».
Le texte voté oblige à réduire la consommation d’énergies fossiles de 30% entre 2012 et 2030, sans donner le moindre mode d’emploi. Certes, comme la loi Pope de 2005, la loi Royal porte le rythme annuel de baisse de l’intensité énergétique finale à 2,5 % d’ici à 2030. Mais, là encore, sans préciser comment atteindre de tels chiffres. Le nouvel objectif donné au dispositif de certificat d’économie d’énergie ne donne d’ailleurs pas un bon signal aux parties prenantes.
Le coup de grâce est donné par Olivier Boucher. Ce spécialiste de la chimie de l’atmosphère du CNRS rappelle que le projet de loi Royal « ne concerne qu’une partie des émissions de gaz à effet de serre. »

[1] Giec: Groupe intergouvernemental d’experts sur l’évolution du climat